Le syndrome des révisions.

Terrain : sujet jeune, H=F, aggravation avec l’année d’étude (D4>D3>D2>D1>P2).

FDR : médecine, port de blouse/stéthoscope, Intermémo/KB/Cas cliniques, ECN+++++, saison (survient étrangement avant les partiels +++), mode épidémique (toute une promotion est touchée).

Troubles du comportement alimentaire (junk food, mcdo/sushis, trucs qui traînent, céréales sans lait, pâtes crues), addiction café/thé/substances excitantes (prévoir le sevrage), possibilité de TIAC si RU de la fac.

Trouble de l’humeur : dépression, pessimisme, perte de l’élan vital (« je veux pas aller en garde, je veux rester chez moi pour réviser », « je peux pas sortir je dois réviser »). A traiter par évaluation et prévention des risques suicidaires, éviction inter-mémo et prepecn, abolition champs lexical de la médecine.

Conseil du conférencier : dans votre future pratique, préférez un bon « avez-vous soif ou bobo ? » qu’un long : « nous allons vous réhydrater sérum phy IV 1 litre en 1 heure, surveillance clinique (pli cutané, OMI) et iono, et vous donner des antalgiques OMS pallier 2 adaptés EVA, voire titration morphinique ».

Trouble du comportement : hétéro-agressivité pour raisons minimes (place à la BU, dernier bouquin de cas clinique de module 8 celui avec des spirales PRIS PAR UN D2 HAAAAAA, P1 qui parlent de leurs chat/chien/biochimie), voire soliloquie (« ha je vais manger, j’ai bien travaillé »). Solilolie (=rire seul).

Trouble du sommeil : insomnie+++, voire inversion du cycle nycthéméral, cauchemars « j’ai rêvé d’un zéro à la question », « j’ai rêvé des ECN, le premier dossier c’était « Femme 81a consulte pour asthénie, quel est votre diagnostic, quelle est votre PEC, quel est votre suivi » et le deuxième c’était « Homme 81a vient pour douleur AIGUE, quel est votre diagnostic étiologique, argumentez, quelle est votre PEC, quelles sont les complications », et j’avais un PMZ parce que j’avais oublié la déclaration obligatoire de l’éventuelle brucellose).

Syndrome délirant : aigu (<6 mois, sauf DCEM4), mécanismes multiples (interprétation : « je connais pas l’item 191 alors je vais tout rater », imagination « j’aurai du réviser plus régulièrement », intuition « ce sera septembre pour moi »), adhésion totale au délire, aucune critique, participation affective forte source d’angoisse (« mon surligneur JAUNE est vide et on est dimanche »).

Troubles anxieux : obsession (« j’ai des anticorps anti-révisions », « le facteur de risque de l’augmentation du temps de latence du tramway est une tentative de suicide mal ou pas évaluée », « zéro à ma vie »).

Isolement social (aggravé par l’épidémie intra-promo), affectif, professionnel.

Signes somatiques : nervosité, irritabilité (« DEBILE cet item ! » genre le 186), polyurie/diarrhée (aggravée par stress, café, thé, mcdo), pseudo-phéochromocytome : sueurs, céphalées, HTA (provoquée par vision d’un item inconnu type « prescription d’une cure thermale », ou par la correction d’un dossier « si oubli examen ophtalmo bilatéral comparatif dans la clinique de la BDA : ZERO AU DOSSIER »), hirsutisme et incurie.

Conduites d’évitement : hyperactivité ménagère (vaisselle, lessives, nettoyage de derrière le frigo, ranger ce qu’il y a sous le lit, nettoyer le balcon), réseaux sociaux (type FACEBOOK* TWITTER*), séries (COUGAR TOWN* DESPERATE HOUSEWIVES*).

Pour les ECN ne pas retenir les noms de spécialité. Bisous.

Examen complémentaires : HCG, parce qu’il faut toujours faire des HCG, pour les femmes en âge de procréer et les hommes douteux. Et glycémie capillaire car NEURO=DEXTRO. Le diagnostic est clinique.

TTT : Hospitalisation en urgence dans un bar. (préférer localisation centre-ville avec happy hour +++, éviter PMU de villages désertiques).

Le conseil du conférencier : l’épidémiologie du PMU et des bars du centre-ville sont complètement différentes, mais ON NE VOUS EN VOUDRA PAS si vous vous trompez.

Cure d’éthanol à forte posologie per os (intra-veineux pour les plus résistants). 0,5-1°/kg en plusieurs fois. (RHUM* VODKA* WHISKY*…) Pur ou dilué.

Pour les ECN apprenez au moins un nom de spé et la posologie EST « HAUTEMENT TOMBABLE ».

Prévoir SNG, SU, bilan MST et contraception (effet secondaires de l’éthanol : nausées, vomissement, polyurie, désinhibition, dormir dans sa voiture/chez un inconnu). Attention aux conduites médico-légales (pisser dans la rue, casser le néon d’un bar).

Arrêt total et définitif des révisions (pas mis = zéro au dossier).

Traitement étiologique : arrêt des examens/ECN (contre-indiqués A VIE). (pas mis = Hélène Ségara pendant 24H non stop. Ou Fort Boyard).

Education du patient : consulter dès l’apparition des premiers signes (position assise au bureau>3h, livres de cas cliniques>2). Pas d’auto-médication. Toujours avoir antidote sur soit en cas de prodromes avant-coureurs (par exemple : CHARTREUSE* 25cc, en une fois per os).

Carte d’intolérance aux examens/aux ECN.

Je suis un bouffeur d’items

L’item 115 bis (déficit immunitaire – argumenter les principales situations cliniques et/ou biologiques faisant suspecter un déficit immunitaire chez l’enfant et chez l’adulte), nouvel item depuis l’année 2007, en vigueur pour les ECN 2010, ouais quand même, est  introuvable dans la plupart des bouquins du commerce, dans le bouquins du collège des enseignants de médecine interne (qui est très incomplet au passage). Ne parlons pas du site de l’ASSIM… qui lui est trop complet.

Je me souviens aussi avoir galéré pour le cancer de la vessie (160b) au moment du module 10.

Tout ça pour dire qu’en cherchant nonchalamment « item 115 bis » sur google, je suis tombé sur prepecn.com, un site super bien fait pour les D3-D4, peut être moins pour les D2 parce qu’on a encore besoin de pas mal de détails à cet âge-là. C’est pas trop trop officiel encore visiblement, mais chaque item a sa propre fiche, résumé au max, avec un en-tête type objectif/références/tiroirs et mot-clés/NPO (ne pas oublier).

Il y a même des fiches de méthodo (ça c’est plus pour les D2 ou les D3 nazes genre moi).

BE COOL, fascicules, prepecn, mes partenaires bouffeur d’items. Sur ce, je vais à la BU, mon partenaire temps libre.

PS : est-ce que c’est normal qu’on ait envie de se pendre après avoir fait les cas cliniques de médecine interne ? Et puis merci la quotation ECN : genre « leucocyturie significative avec des BGN indiquant une IU » = 1 point. Ah ils ne font pas dans la demi-mesure.

Ne jamais s’attacher.

Ca se passe pendant une garde en chir, en février. Mme O. est annoncée par l’IAO (infirmière d’accueil et d’orientation) comme hématémèse. « Elle n’est vraiment pas bien, ce serait bien que tu ailles la voir vite ».

Mme O est en sueurs, mais elle parvient à me dire calmement qu’elle est VIH+, elle a apporté toutes ses ordonnances, connaît son traitement et sa maladie parfaitement bien. Elle est régulièrement suivie, « mais n’a jamais été hospitalisée en maladies infectieuses, touchons du bois ! » dit-elle, presque avec humour.

Elle vomit depuis avant-hier. Bon ce sont plutôt des saignements en fin de vomissement qui strient les aliments pré-digérés.

Après quelques questions, elle me dit qu’elle est venue il y a 3 jours aux urgences pour des cervicalgies. Pas d’imagerie, repartie avec des antalgiques et des MYOLASTAN (r). Je lui demande si ça va mieux, si les médicaments ont agit. « Non, ça ne va pas mieux du tout, maintenant j’ai aussi mal à la tête. D’ailleurs peut-être c’est ça qui me fait vomir. » Je lui ai répondu un truc du genre « j’espère pas. »

Après le boulot d’externe (antécédents, traitement, suivi, allergies, pression artérielle, fréquence cardiaque, saturation, qui étaient bonnes), je commence l’examen clinique. Merde, une raideur nucale. Je vais chercher le thermomètre, et en partant j’éteins la lumière de la chambre, « ça va mieux dans le noir ? » « oui docteur, d’ailleurs je reste dans le noir chez moi ». OK. Je reviens : 39°. OK. Donc mon hématémèse, c’est plutôt un syndrome méningé fébrile chez une immuno-déprimée. Je finis l’examen clinique, vérifiant mille fois tous les plis et replis de la peau à la recherche de purpura, tout en essayant de garder mon calme, pour moi, mais aussi pour ma patiente, qui commence à paniquer, vu que je commence à m’attarder.

Je prescris la bio, les hémocultures, la BU/ECBU, le scanner cérébral (peux pas prescrire la ponction lombaire, j’ai pas le droit). Comme il y a 10 patients derrière elle qui n’ont pas encore vus les chefs, j’en intercepte un pour lui expliquer la situation. Je soudoie l’infirmière pour qu’elle vienne faire le bilan d’abord à elle. Le téléphone sonne. C’est le scanner, on peut la faire descendre. Aucun brancardier à l’horizon, « bah c’est l’heure de leur pause là ».

Comme ça m’énerve de les attendre, je prends le brancard de Mme O, et je l’emmène au scanner tout seul. Sur le chemin on parle. Elle me raconte son suivi en dermato, puis en maladie infectieuse, qu’elle a contracté la maladie suite à une transfusion en Afrique. Je lui demande comment ça se passe dans la tête, le moral. Ca va moyen, elle n’aime pas trop la nouvelle médecin qui la suit. Elle a peur d’être hospitalisée. Je reste avec elle derrière la vitre du scanner. J’en profite pour regarder les images. Rien d’ « anatomique » en tout cas. Je sais pas ce que j’aurais préféré.

Je la remonte et je lui explique la PL. Elle a déjà été aide-soignante, alors elle connaît. C’est l’interne (grrr) qui fait la PL. Mme O est complètement paniquée, alors, tant pis, j’en ai vu mille des PL et j’en ai déjà fait, je vais devant lui prendre la main. On parle de tout et de rien, elle a arrêté d’être aide-soignante car elle avait peur de transmettre sa maladie. Elle veut continuer à travailler dans le social, c’est ça qui lui plaît. Elle a enchaîné plusieurs boulots, mais c’est difficile en ce moment. Pourtant elle est très observante, elle n’a raté aucune consultation chez la médecin spécialisée, même si elle ne l’aime pas trop.

Mon interne lui trouve une place. En maladies infectieuses. Bien sur, c’est mieux pour elle, les infectios de cette unité sont spécialisés VIH en plus. Mais bon c’est un tournant dans l’histoire de la patiente. Mon interne va lui annoncer. Mme O ne veut pas être hospitalisée. Je retourne la voir. Je lui explique. Je négocie. Ca va mieux. Je la laisse réfléchir et mûrir la proposition.

Je vais voir d’autres patients en attendant.

Entre deux patients, je vois les brancardiers sortir son brancard de sa chambre. Elle a finalement accepté. J’ai tenu à lui dire aurevoir, lui souhaiter les meilleures choses du monde. Elle voulait que je reste avec elle je lui ai dit que ce n’était pas possible, il y avait d’autres patients à voir. Mais qu’elle allait voir d’autres médecins qui s’occuperont d’elle encore mieux que nous, aux urgences.

Je voulais aller la voir en maladies inf le lendemain. Et là je me suis dit : non. Cette relation dépassait complètement l’empathie. Si mme O mourait ou s’aggravait, cela aurait influé sur mon travail en stage, sur mon moral et sur mon travail de bouffeur d’items. Je m’attachais trop à cette patiente, et c’était pas bon. La relation médecin-malade pour moi, c’est pas ça. C’est moins que ça.

Avec le temps, je me dis que je n’ai pas du tout été professionnel. J’ai même été délétère pour la patiente à être trop humain avec elle.

Je n’ai jamais été très humain, très proche des patients, je n’ai jamais été plus affecté que ça par la mort d’un de mes patients. Mais là, j’ai du me poser des limites. Je suis retourné le lendemain en stage, sans en parler trop, sans chercher à avoir de nouvelles, je n’en ai toujours pas d’ailleurs, je ne sais pas ce qu’elle est devenue.

Ne pas s’attacher. Bah en fait c’est difficile. On voudrait faire n’importe quoi pour ses patients à qui il arrive les choses injustement, se battre pour eux et avec eux.

Je vous mets une chanson sympa qui colle bien, un mélange de nostalgie et d’impuissance. Bonne écoute. Et chialez pas !

Les externes c’est tous des glandeurs.

Je me suis couché à 23h hier alors forcément, à cette heure là je pète la forme.

Pour comprendre un peu ce que je vais vous dire, il faut que je vous explique comment la fac de ma ville fonctionne. On alterne 6 semaines de stage et 6 semaines de cours. En gros. A la fin des 6 semaines de cours on passe l’examen en rapport avec les cours.

En d2 on a 4 stages et 3 périodes de cours (+ 1 période de vacances), en d3, la même chose, et en d4 on passe à mi temps, les cours du module 11, l’après-midi.

Du coup on est à temps complet pendant les stages (8h-18h). Et comme partout, on peut parfois quitter à 16h, 17h, 18, 19, voire 20h de stage selon le boulot à faire. Idem pour l’heure d’arrivée. Le mercredi après-midi, pas de stage car cours de module optionnel. Les périodes font alterner d2 et d3 en stage.

Par exemple, mon dernier stage (gériatrie), j’arrivais 1/2h avant l’interne, à 8h, pour avoir le temps de : faire mon tour de tensions, réussir à chopper les dossiers de soins pour les recopier, recopier les prescriptions, recopier les bios sur le dossier médical et +/- relire les dossiers des patients. Et prendre mon double expresso au relay. Mon interne arrivait à 8h30, participait aux transmissions et visite tous les deux +/- le chef à 9h. Je ne partais jamais avant 18h. J’ai eu 10 patients la première semaine puis 7 ensuite (co-externe en vacances). Le soir après 18h j’allais à la BU jusqu’à 22, l’heure de sa fermeture, ou alors j’avais sous-colle avec Isa.

Alors franchement, qu’on traite les externes de glandeurs ça a le don de m’énerver. Parce que t’as pas de repos de garde (et on ne les aura jamais, et je veux bien comprendre), mais je suis forcément moins opérationnel le jeudi de 8 à 19h après le stage de 8 à 13h le mercredi, la garde de 13 à 2h du matin, réveillé 7h… Parce que quand t’es heureux de quitter à 17h30 au lieu de 18h, c’est pour commencer ta 2e journée à la BU. Parce que, quand t’es en d2 surtout, que t’es en stage en néphro alors que tu n’en as jamais fait, le soir tu fais de la néphro à la BU (si t’as le courage parce que les journées de néphro sont longues). Et tu vas peut-être moins bosser ta cardio/pneumo/gastro, alors que tu sais très bien que tu n’auras que 5 semaines de cours pour les apprendre (car oui il faut passer les exams plus tôt la fac ferme pendant la semaine de vacances).

Quand tu poses une semaine de vacances en stage, et que tous les gros cons te demandent « haa tu pars où en vacances? »‘, t’as envie de leur répondre : à la BU.

Et puis tous les petits trucs du style : « c’est comme à la maternelle, les externes ils vont pas en stage le mercredi après-midi », « de mon temps les externes ils restaient toute la nuit alors vous n’allez pas vous coucher maintenant », « tu pourras ranger les bios j’ai pas le temps le faire » (secrétaire, 9h-17h) « tu pourras délester le dossier, j’ai pas le temps » « rapporte le holter ecg » « y a pas de garçons dispos pour emmener monsieur machin en radio fais le » « va chercher le dossier de madame truc en endocrino, 6e étage de l’hôpital d’en face » « va chercher de quoi faire un test viro dans les labos » « quand tu prends un rdv pour un patient tu dois appeler les garçons »… On a même eu droit à « faites vos gaz du sang en même temps les externes on va pas se taper mille aller-retours ».

Ok, on est là pour apprendre, et je suis le premier partant et motivé pour ça, j’aime aller voir mes patients puis essayer d’élaborer des hypothèses diagnostiques en fonction de mon observation et d’avoir un début de conduite à tenir dans ma tête, j’aime mettre des mots dans les dossiers des patients et faire une synthèse toutes les semaines, à la limite recopier les bios ça passe parce que ça te force à les regarder… mais le travail de secrétaire-larbin-garçon-infirmière, je dis non quand je peux, et je ne le fais sûrement pas avec plaisir. En plus, avec l’expérience, j’ai appris à ne pas me laisser marcher sur les pieds, et je me suis déjà pris la tête avec quelques personnes (ouais ouais je suis pas un mec sympa :) ). Je sais qu’on est en sous-effectif toussa toussa… mais je ne suis pas là pour combler le budget de l’hôpital. Je n’ai pas encore compris ce qu’il y a de formateur à trier les bios, à emmener les patients en radio. Je suis en d3, et parfois j’ai l’impression de perdre du temps à l’hôpital alors que je pourrais bouffer de l’item chez moi.

Ouais c’est débile et dégueulasse, mais c’est le principe des ECN. Et comme c’est ce truc qui va décider de ma vie, je m’y plie. Si les externes sont aussi peu motivés par les stages c’est à cause des ECN. On en arrive à un point où les premiers stages qui partent ce sont des stages où tu ne vas pas (radio, chir). Alors qu’au passage je serai heureux d’aller en stage de chir. Le pire, c’est que je prends mes stages en fonction des ECN. Si j’ai pris endoc au prochain stage c’est pour être au taquet sur le diabète aux ECN. Et sûrement par amour de l’endoc !

Attention je ne fais pas cet article pour me plaindre, bosser tout le temps ça me plaît, dans certaines limites. Mais je ne conçois pas qu’on me traite de glandeur.

Mais tu vas me recoudre ?

Un mini article parce que je suis pas très en forme parce que je cuve.

Mlle M, 20 ans, consulte aux urgences chir. Elle s’est coupé le doigt en faisant la vaisselle. Et ça lui fait très peur. Je l’accueille dans la salle d’admission, elle me raconte vite fait son histoire : elle s’est coupée avec un verre cassé pendant la vaisselle. Je sens qu’elle va pas très bien et je lui propose de s’assoir en attendant que je lui trouve un box. « Je veux bien, je suis au bord de l’évanouissement ». Bah oui cocotte, j’avais bien vu que tu étais un peu pâle et hypra paniquée.

Je l’installe dans un box, nettoie la plaie, désinfecte, parle avec la patiente, tout ça. Elle a une plaie rectiligne nette, pas très profonde, pas de complications neuro/vascu, vaccins à jour. (C’est bien ce blog ça me fait réviser). Je lui dit qu’il va falloir sûrement mettre des points pour rapprocher les deux berges et pour arrêter le saignement.

« Mais tu vas me recoudre ? » (petit apparté : je demande aux patients de mon âge en général si je peux les tutoyer. Mais bien sur, ça dépend de la situation du terrain et de la « compliance » du patient… Je leur dis qu’il peuvent aussi me tutoyer, je ne suis qu’étudiant).

Ouais ouais je vais suturer, mais il faut pas avoir peur. Déjà je lui explique un peu tout comment ça va se passer. Le médecin va jeter un coup d’oeil. Ensuite je m’habille en stérile. Ca peut être impressionnant, je mets un masque, je sors le matériel de manière plus ou moins rituelle pour rester stérile. Je vais ensuite endormir la plaie pour pas que l’aiguille qui va servir à suturer fasse mal. C’est le moment le plus désagréable, mais elle est pas obligée de regarder. Et comme je suis trop sympa, je préviens au moment de la piqûre. Ensuite, je fais les points, je mets un pansement, et fini !

Ca a été très difficile de la rassurer. Au début, elle tremblait, elle paniquait. Quand j’ai instauré le contact, avec le tutoiement en fait, ça l’a un peu calmée, surtout quand je lui ai bien expliqué les choses. Je lui ai dit qu’elle était pas obligée de regarder ce que je faisais et qu’on allait parler d’autre chose. Je lui ai dit aussi que j’avais déjà fait ça mille fois (ouais, j’me la pète) et qu’elle n’est pas la seule à qui ça arrive, et qu’elle n’est pas la seule non plus à paniquer comme ça. (j’ai déjà vu un grand gars de 20a se mettre à chialer quand je lui ai annoncé la suture. Ca surprend).

Ensuite elle me dit que ça lui faisait peur d’entendre le bruit du porte aiguille, des ciseaux tout ça. Tiens, on me l’avait jamais faite celle-là. J’ai répondu du tac au tac que ça pouvait s’arranger. Je suis allé cherché mes écouteurs au vestiaire (en plus ce sont des écouteurs de compèt, genre le casque du mec qui tient un marteau piqueur), je lui ai prêté mon iphone, avec une musique de ce style : http://wp.me/s1t0iH-38

Elle était un peu surprise, mais très rassurée. On a parlé de ces études de psycho, que sa licence était difficile et que la fac de LSH c’était un peu le foutoir. Je l’ai aspergée voire inondée de xylocaïne, j’avais tellement peur de lui faire mal. Au moment de la suture en elle-même, musique, j’ai essayé de faire vite.

La fin s’est super bien passée. « ah c’est déjà fini ? »et elle s’est confondue en excuses d’avoir été aussi paniquée. Je pense que c’est légitime.

Enfin bref, tout ça pour dire que je n’aimais pas tellement les psys, ou même les personnalités psys. Je crois qu’il faut arriver, dans la mesure du possible bien sur, à canaliser ces personnes. Bon il y a des psychiatres pour ça, et je leur laisse le boulot avec le plus graaaaand plaisir, mais finalement, je commence à croire un peu à la psy. Pour mlle M, le principal traitement, oserais-je dire, ça n’a pas été la suture, mais la rassurer, tout faire pour qu’elle se sente bien. Ce ne sont pas des trucs qu’on apprend dans les bouquins, et puis c’est pas possible d’apprendre ça dans un bouquin.

J’ai beau avoir tendance à ne pas m’éterniser en stage, à préparer mes affaires à 17h45, à arriver en retard dès le deuxième jour… Mais le stage reste le meilleur moyen d’apprendre. Bien sûr il y a les ECN. Mais ce que je retiens le mieux, c’est des petits trucs vu sur le terrain, des conneries que j’ai pu faire. On apprend aussi à se conduire, être patient et aimable avec la famille, se blinder au niveau attachement, prendre des initiatives, ne pas se laisser marcher sur les pieds par les infirmières ou même les internes-qu’on-se-demande-s’ils-ont-été-externes-un-jour, et être aigri.

J’ai des problèmes

C’est la psy que j’ai vu hier qui me l’a dit. Non, je n’en vois pas une régulièrement (j’ai bien trop de fierté).

Ce qui m’a attiré bien sûr, c’était le test pour savoir notre dépendance à l’alcool. Voilà, c’est trop lol, on compare avec les copains qui est le plus dépendant en répondant plus ou moins honnêtement à des questionnaires de pro-fes-sion-nels ultra-précis (genre, répond vrai ou faux à l’affirmation suivante : « c’est vrai qu’il n’est pas faux de dire que je pense boire plus que de raison de temps en temps à parfois/souvent »).

Et après, il y a des psychologues qui regardent tes résultats et qui te disent que c’est pas bien de boire. D’après la psy qui m’a analysé, j’ai un rapport complexe avec le temps. Je suis tout le temps pressé, je prends 4 cafés par jour et dors 5-6h par nuit. D’après elle tout se rejoint. C’est pour ça que j’ai des coups de mou parfois et que je fous rien de ma journée (genre aujourd’hui). (sinon je suis ravi de ne pas avoir de problèmes avec l’alcool).

Tout ça pour expliquer un peu ce blog. J’ai un blog parce que j’ai des problèmes. Je ne pense pas que les gens qui écrivent un blog ont tous un problème, mais moi j’écris un blog parce que j’ai des problèmes. J’ai TROP de temps.

Depuis environ 1 mois, j’ai démissionné de mon poste associatif. J’avais un rôle qui prenait du temps (parce que je le voulais bien) dans une association. Je suis en D3, stage, gardes, cours, révisions, et associatif, j’arrivais à m’en sortir, je courais partout et j’aimais ça. Depuis que je suis parti, j’ai remplacé mon « temps asso » par du « temps item ». J’ai bouclé mon premier tour du semestre en 2 semaines. Comme je m’ennuyais, j’ai finis mon 2e tour de cardio, et j’ai fait un 2 tour d’endoc, d’hémato, et commencé un 2e tour de pneumo.

Et j’ai passé une semaine à récupérer. (si vous suivez bien là, on est au début de la 4e semaine. Pour les débiles, je ferai un schéma).

Vraiment, j’ai jamais autant dormi que la semaine dernière, jamais autant rien glandé, tellement, que j’ai jamais autant attendu ma garde du vendredi (la garde qui déchire tout en plus : accueil méd un vendredi soir). Je n’avais plus envie de rien faire (anhédonie, clinophilie diraient mes saletés de fiches de psy. Je n’aime pas la psy).

Il m’a fallu du temps pour comprendre qu’on pouvait pas QUE bosser les ECN, il faut avoir quelque chose à côté. Je vais reprendre la musique, je vais poursuivre ce blog, me consacrer dans le poste d’élu que je viens d’avoir, où je pourrai de nouveau être méchant, crier et souffler parce que les autres m’exaspèrent et sont trop lents.

Voilà, un article qui tombe bien parce que j’ai jamais eu autant de visites sur ce blog, on m’a fait de la pub sur twitter, j’ai plein de nouveaux followers. Là je suis au moins aussi célèbre que Loanna.

PS : Loanna est devenue grosse parce qu’elle « fait un diabète nerveux ». Je l’ai lu sur Closer. Tout s’explique. Finalement, je ne suis pas le seul à avoir des problèmes. Si ça se trouve même, je fais un lupus nerveux.